Historique des styles de fauteuils
de l’antiquité à la seconde guerre mondiale


Introduction

Généralités

Le fauteuil est un des objets de la maison le plus étudié et le plus célébré. Depuis toujours les créateurs y ont consacré davantage d’efforts et de moyens qu’à n’importe quel autre type de meuble.
Sur le plan technologique, le fauteuil a bénéficié très tôt de toutes les innovations dès leurs apparitions, sur le plan intellectuel il a suivi tous les courants de pensée qui ont marqué leur temps et sur le plan artistique il a illustré toutes les sensibilités qui ont irrigué les beaux arts, en particulier l’architecture.
Actuellement chaque « designer » de renom tient à produire un siège qu’il espère voir devenir « iconique » au fil du temps.
Comme « l’ennui naît de l’uniformité », chaque fois qu’un style devient prédominant, il y a toujours de jeunes pionniers qui s’élèvent contre lui et proposent une nouvelle orientation.
Souvent aussi les créateurs qui empruntent la voie de ces pionniers perdent de vue l’idée originale et se fourvoient dans des excès ou des simplifications abusives qui entraînent le déclin du style.
C’est ainsi qu’on peut expliquer le foisonnement des styles de fauteuils, au cours des siècles

Définition générale

Le fauteuil est un grand siège composé d’une assise d’un dossier et de deux bras ou accotoirs.
Il est généralement rembourré, parfois canné.
Il repose sur un piétement, généralement composé de quatre pieds, parfois renforcés par une entretoise les reliant.
La profondeur de l’assise est comprise entre 50 et 55 cm et forme avec le dossier un angle d’environ 90°. Les accotoirs reposent sur des consoles. Ils peuvent être ajourés ou garnis, et comporter des manchettes rembourrées. La joue est l’espace limité par l’accotoir, l’assise et le dossier, elle peut être vide ou pleine.
L’encombrement d’un fauteuils dépasse celui d’une chaise, (qui n’a pas d’accotoirs), d’un tiers environ.

Nomenclature simplifiée d’un fauteuil :

nomenclature générale d'un fauteuil
Nomenclature d'un fauteuil

Historique de l’antiquité à la seconde guerre mondiale

Fauteuil Antiquité Égyptienne

Influence :
Fauteuil Pharaonique.

Silhouette :
Fauteuils en bois, décorés de pièces en ivoire incrustées.

Dossier :
Les fauteuils ont des dossiers très élevés et incurvés.

L’assise :
Comporte une assise en cordelettes tressées.

Tissus :
Ils sont recouverts d’un coussin qui débordait et retombait en arrière.

Fauteuil antiquité egyptienne

Fauteuil Antiquité Grecque

Dossier :
Présente un dossier incurvé.

L’assise :
En cuir rembourré avec des fibres végétales.

Pieds :
Possède des pieds cintrés et effilés.

Divers :
Le klismos grec est un type de chaise de la Grèce antique.

Fauteuil  Antiquité Grecque

Fauteuil Antiquité Romaine

L’assise :
L’assise est constituée des lanières tressées ou en cuir.

Tissus :
Les Romains positionnaient des coussins sur l’assise.

Divers :
Les Romains recevaient, mangeaient et se reposaient sur des lits.
La chaise curule antique est une sorte de tabouret pliant formé par deux pieds entrecroisés sur lesquels est tendu un morceau de tissu.

Fauteuil  Antiquité Romaine

Fauteuil Haute Époque : Xe - XVe

Influence :
Roman, Gothique et Ogival

Silhouette :
Le siège qui fait office de fauteuil au moyen âge est une Chaire à haut dossier.
Elle peut être surmontée d’un dais qui rabat la voix de l’orateur.
Il existe aussi des chaires à deux places.

Dossier :
Lorsqu’il existe, le dossier est haut et vertical avec des panneaux sculptés en bas-relief, en forme de vitraux.

L’assise :
Très haute, elle est en cuir ou en tissu, elle peut être recouverte de simples coussins en forme d’oreiller, des traversins ou un tapis appelé « banquier ».

Accotoirs :
Ils sont utilisés pour les « chaires à bras », fauteuil à dossier bas, plus haut que large, avec un piétement à entretoise en H.

Tissus :
Le dorsal est une pièce de tapisserie ou de tissu qui s’attache au dossier du fauteuil et remplace le dossier des bancs et tabourets accotés au mur.

Pieds :
Le tabouret à trois pieds droits et à l’assise triangulaire est populaire à cette époque.

Divers :
La chaire symbolise le pouvoir et l’autorité c’est une cathèdre pour les religieux. Elle est au sommet de la hiérarchie des sièges de l’époque :

  1. Le carreau est un coussin que l’on pose à même le sol
  2. Le placet est un tabouret à quatre pieds droits en balustre
  3. Le basset
  4. L’escabeau ou escabelle plus haut que le placet
  5. Le ployant est un tabouret à pieds en X reliés par une traverse
  6. La chaise à dos
  7. Les fauteuils
    Les rois et nobles utilisent souvent une version pliante : le faudesteuil, hérité de la chaise curule, facile à transporter durant leurs voyages/

Principaux noms :
On peut citer « le bon saint Eloi », orfèvre qui participe à la réalisation d’un trône pour Clotaire II au VIIe siècle, avant de devenir son argentier et celui de son fils Dagobert.
Au Moyen Âge, les métiers d’artisan s’organisent et c’est le « huchier » qui s’occupe du mobilier léger et réduit, mais toujours dans la corporation des charpentiers.

Coup de cœur Haute Époque : Trône de Dagobert

Trône de Dagobert

Fauteuil Renaissance : 1480 ~ 1600, de Charles VIII à Henri IV

Influence :
Renaissance Italienne, reprise des arts grecs et romains.

Silhouette :
A la fin du XVIe siècle, la Chaire Renaissance est surmontée d’un sommet de dossier orné d’une frise.
La décoration s’enrichit de coquille et de feuille d’acanthe.

Dossier :
Le dossier de la Chaire est surmonté d’un entablement avec un fronton sculpté.
Il se garnit d’une partie d’étoffe ou de cuir fixe, avec des clous et des franges. Souvent, un miroir ou un motif en forme d’écusson orne le dossier
La chaise la plus courante dispose d’un haut dossier composé de planches jointes.

L’assise : 
L’assise fait également office de coffre.

Accotoirs :
La Chaire peut être équipée de bras évasés vers l’avant.

Tissus :
Les tissus sobres sont de rigueur.
Le cuir gaufré, piqué de clous dorés commence à se répandre

Divers :
La chaise à bras présente un dossier raccourci et constitue l’ancêtre du fauteuil moderne.
On dispose la Caquetoire - terme inventé au XIXe - auprès du feu , à l’époque on parlait de chaise à femme. Elle prendra ensuite le nom de causeuse ou chaise à vertugadin. Elle possède une assise assez basse, plate et en forme de trapèze et un dossier étroit.

Les caractéristiques de ce style sont aussi présentes sur les sièges de style Henri 2  ou néo-renaissance  qui s’est beaucoup diffusé durant la seconde moitié du XIXe et qui a perduré dans le XXe.

Principaux noms :
A partir du XVIe, on distingue les « menuisiers en meubles ».
Le métier d’ébéniste apparaît au XVIIe siècle pour traiter les bois précieux venu du Nouveau Monde et d’Afrique, dont l’ébène.
Laurent Stabre, « menuisier en ébène », faiseur de cabinets du roi, est admis au logement du Louvre par lettres patentes du roi datées du 22 décembre 1608 ».
Jacques Androuet du Cerceau est connu pour ses publications de recueils de référence pour les menuisiers-huchiers de l’époque.
Hugues Sambin propose des sculptures débordantes.

Coup de cœur renaissance : Caquetoire

Caquetoire

Fauteuil Louis XIII : 1600 ~ 1660

Influence :
Influences flamande , italienne ou espagnole.

Silhouette :
Des formes rectilignes qui s’inscrivent en gros dans un cube, avec un décor de moulure-saillie à profils variés de guirlandes et de fleurs.

Dossier :
Le dossier de forme rectangulaire, dans le prolongement des pieds arrière, s’incline légèrement sur l’arrière.

L’assise :
L’assise des fauteuils commence à recevoir des garnitures fixes plus épaisses, de coton et de crin qui constitue l’embourrage. Le tapissier-garnisseur utilise aussi des sangles et les couches de crin animal.
Elle une forme carré à angles vifs et un galon et de fines franges courent sur le bord de l’assise.
Le placet et l’escabeau bénéficient aussi d’un rembourrage fixe.

Accotoirs :
Les accotoirs sont généralement chantournés - c’est-à-dire composé d’une suite de courbes et de contre-courbes, saillantes et rentrantes - et reposent sur des consoles dans le prolongements des pieds avant.
Leurs extrémités peuvent être sculptées de têtes humaines ou d’animaux comme le lion ou le bélier.

Tissus :
Le revêtement en cuir gaufré, rouge ou jaune repoussé, est importé d’Espagne.
Les tissus de couverture, souvent brodés, représentent des verdures ou des rayures.
Les gros clous et des grosses passementeries complètent le décor.

Pieds :
Ils sont souvent tournés et reliés par des entretoises en H.
Le motif peut être « tors » (en hélice), « en chapelet » (succession de sphères) ou « en poire ».
On y trouve des décor de rinceaux et d’acanthes abondantes comme sur les traverses, les bras, les dossiers.

Divers :
Le fauteuil est désormais caractérisé par ses accotoirs et un large dossier.
Les bois apparents sont souvent des bois durs tournés comme le noyer le hêtre ou le merisier.
Sur la fin du règne, les pièces de mobilier sinueuses de section arrondie, en forme d’accolades sont dites dites en os de mouton.

Principaux noms :
Pour certains artisans, Henri IV a mis à disposition des ateliers et des logements au rez-de-chaussée de la galerie du Louvre qui hébergent aussi des étrangers, comme le fameux ébéniste hollandais Pierre Golle, spécialiste de la marqueterie de cuivre, et les Italiens Domenico Cucci, spécialiste de la marqueterie de pierres et marbre, et Philippe Caffieri.
Jean Macé de Blois se forme aux Pays-Bas et crée l’école française de marqueterie.

Coup de cœur Louis XIII

fauteuil Louis XIII

Fauteuil Louis XIV : 1660 ~ 1715

Influence :
Classicisme

Silhouette :
Très proche du style Louis XIII, les formes du fauteuil Louis XIV sont toutefois un peu plus arrondies, tout en restant monumentales et très symétriques.

Dossier :
Le dossier devient plus imposant, plus haut et s’incline un peu plus sur l’arrière.

L’assise :
L’assise s’élargit et s’approfondit.

Accotoirs :
Ses accotoirs s’infléchissent en large courbe sculptée souvent en « bec-de-corbin », une forme qui s’inspire d’un bec d’oiseau.
Des sculptures en feuilles d’acanthe sont toujours là. L’extrémité de l’accotoir dépasse sa console.
Les bois apparents peuvent être dorés à la feuille d’or.

Tissus :
Les tissus de couverture peuvent être précieux comme la soie, le brocart, le damas, le velours de Gênes ou d’Utrecht ou le satin avec des couleurs vives comme le rouge cramoisi rehaussé d’or et d’argent.
On trouve également des dessus de cuir gaufré, de rotin et de paille.

Pieds :
Ils sont plus diversifiés, le piétement en balustre est plus fréquent avec des entretoises en X.

Divers :
Le Roi-Soleil a sollicité les artistes pour rechercher plus de raffinement et de confort et ainsi révéler le rang du propriétaire du siège.
Le fauteuil en confessionnal est équipé deux oreilles rembourrées avec une assise garnie d’un coussin. Une crémaillère peut incliner son dossier.
On peut trouver des canapés de la taille de trois fauteuils.

Principaux noms :
André-Charles Boulle, ébéniste du Roi va mettre au point la marqueterie d’écaille et de cuivre qui va bouleverser la fabrication de meubles d’ébénistes et dominer le XVIIe siècle. Il emprunte des motifs décoratifs à l’Antiquité .
La dynastie des Migeon, tous prénommés Pierre, furent de célèbres menuisiers et ébénistes.
Pierre Golle et Domenico Cucci continuent d’œuvrer.
La dynastie des Hache s’illustre à Grenoble.

Coup de cœur Louis XIV

fauteuil Louis XIV

Fauteuil Style Régence : 1700 ~ 1725

Influence :
Rocaille, qui tire son inspiration dans le monde minérale et dans les coquillages et Chinoiserie qui est importée par la Compagnie des Indes.

Silhouette :
Le fauteuil Louis XV reste imposant, mais avec plus de finesse. Les entretoises se font plus rares, les lignes sont plus galbées, mais toujours symétriques. La sculpture abonde ; la coquille s’ajoure et se déchiquette.

Dossier :
Toujours plan, il s’abaisse sensiblement. La traverse supérieure s’arrondit, souvent en chapeau de gendarme . Le contour peut être en forme de violon et posséder une crête galbée. La traverse supérieure est parfois apparente.

L’assise : 
La ceinture de l’assise est à bois apparent, l’ébène a disparu.

Accotoirs :
L’attache de l’accotoir recule sur l’assise et la manchette se généralise.

Tissus :
Les tissus sont moins chargés.

Pieds :
Chantournés, souvent galbés, ils se terminent en crosse (Roquillard), parfois en pied de biche. Les entretoises sont en X.

Divers :

Principaux noms :
Charles Cressent est le rival d’André-Charles Boulle et l’un des principaux représentants du style Régence et du début du style Rocaille. Il a été l’ébéniste du Régent.
La dynastie des « Pierre » Migeon continue d’œuvrer.
L’architecte Robert de Cotte initie le mobilier de type « Rocaille ».

Coup de cœur Régence

fauteuil Régence

Fauteuil Louis XV puis « Pompadour » : 1723 - 1760

Influence :
Rocaille, Baroque, Rococo et Art Oriental.
Sous l’influence de Madame de Pompadour, en fin de règne, s’annonce le futur style Louis XVI avec un retour au classicisme, en réaction aux excès des décors de fleurs, guirlandes et coquillages.

Silhouette :
Les progrès de l’ébénisterie permettent un allégement des formes des fauteuils qui deviennent les « commodités de la conversation » et colonisent les salons parisiens.
Les fauteuils Louis XV se chargent des motifs de style rocaille ou rococo : coquillages, feuilles d’acanthe, très souvent asymétriques.

Dossier :
Plat pour les Fauteuils à la Reine et légèrement cintré pour les cabriolets, le contour n’est que courbes.
La traverse supérieure est toujours apparente.

L’assise : 
Les assises s’élargissent pour les robes à panier très encombrantes.
La ceinture des sièges est généralement renflée dans la partie centrale.

Accotoirs :
L’attache de l’accotoir reste reculée et les manchettes s’élargissent en petits coussins.

Tissus :
Les tissus de couverture en tapisserie empruntent leurs motifs à la faune et la flore.
Les scènes pastorales ou de chinoiseries ornent les dossiers de personnages et les assises d’animaux.
On pare les sièges de bas de gamme avec du velours ou du « gros de Tours » - taffetas au tissage plus grossier - et on réserve la soierie, le brocard, le satin, le damas et la brocatelle pour le luxe.

Pieds :
Le galbe en col de cygne est de rigueur. Les entretoises disparaissent.

Divers :
Un édit royal de 1751 légalise l’estampille.
Le Cabriolet à dossier concave est très populaire.
Le Fauteuil à la Reine décline face à « l’explosion » de bergères :

Principaux noms :
Jean-François Oeben, élève de Boulle qui eut comme apprenti le célèbre Jean-Henri Riesener, célèbre initiateur du style Louis XVI.
D’autres ébénistes : Joseph Baumhauer, Jacques Dubois, Claude-Charles Saunier, Jean-François Leleu et Bernard Van-Riesenburgh, Pierre Migeon IV est ébéniste aussi bien que marchand. La dynastie Hache continue son parcours à Grenoble.

Coup de cœur Louis XV : Bergère Duchesse brisée

fauteuil Louis XV : Bergère Duchesse brisée

Fauteuil Louis XVI ou néo-classique :1774 ~ 178

Influence :
Antique, à la suite de la découverte des ruines de Herculanum et Pompéi en 1709, et des fouilles de 1738 et de 1748.

Silhouette :
La silhouette du Fauteuil Louis XVI est beaucoup plus sobre car on privilégie les formes géométriques simples et symétriques.

Dossier :
Retour au dossier à pan droit, rectangulaire ou ovale.
Des motifs, souvent des pommes de pin, ornent les angles supérieurs du dossier.

L’assise :
L’assise est généralement droite et géométrique.

Tissus :
Tissu souvent rayé ou uni.
Le lampas, étoffe à motifs en relief avec des fils de métaux précieux remplace la broderie dans des tonalités plus froides.
La toile de Jouy est très utilisée.

Accotoirs :
Les accotoirs sont sculptés de frises de perles, piastres, rubans, pommes de pin et branches de laurier. Leurs consoles sont en arc, en S ou en fines balustres.

Pieds :
Les pieds des fauteuils sont le plus souvent droits, tournés en forme de colonnette amincie et sont décorés de fines cannelures droites ou en spirale. Ils peuvent aussi être de forme fuselée, à pans coupés ou en carquois.
Le raccordement du pied avec la ceinture est généralement orné d’un dé souvent sculpté d’une feuille d’acanthe qui est l’emblème de Louis XVI.
L’extrémité des pieds est en sabot, en toupie, en patte de lion, en dé à coudre terminé par un cube de bronze.

Divers :
Le dossier du Cabriolet à dossier raide, généralement carré ou rectangulaire peut aussi être :

Ils peuvent être rechampis ou peints en blanc ou gris Trianon.

Principaux noms :
On retrouve Jean-Henri Riesener, Claude-Charles Saunier, Jean-François Leleu qui avaient commencé sous sous Louis XIV.
Viennent s’ajouter Guillaume Beneman, Adam Weisweiler et Jean-Ferdinand Schwerdfeger.
Jean-Baptiste Boulard, Jean-Baptiste Lelarge, Louis Delanois, Jean-Baptiste-Claude Séné… apportent beaucoup dans le domaine du siège.
Georges Jacob est le fondateur d’une dynastie d’ébéniste qui excelle jusqu’à 1847.

Coup de cœur Louis XVI :

fauteuil Louis XVI

Fauteuil Directoire et Consulat : 1789 ~ 1804

Influence :
Néoclassicisme et Campagne d’Égypte
Les emblèmes révolutionnaires envahissent le mobilier :

Silhouette :
Avec des silhouette épurées, ce style annonce le style Empire, mais sans lourdeur, avec de grandes surfaces lisses et un décor minimaliste avec peu de bronze.

Dossier :
A grand bandeau en hémicycle, ou renversé en crosse. Le corps du dossier peut être à claire-voie avec, en son centre un motif d’urne, de palmette, de lyre ou de croisillon.
Ils peuvent être renversés  :

L’assise : 
La ceinture avant de l’assise est souvent sculptée.

Accotoirs :
Les accotoirs redeviennent plats et reposent sur des consoles dans l’axe des pieds, sculptées en balustre, parfois ornées de sphinges, avatar féminin du sphinx.

Tissus :
On préfère la rayure, mais les motifs antiques et égyptiens sont très à la mode.

Pieds :
Pied avant en fuseau ou en carquois, pied arrière en sabre (à l’étrusque) .

Divers :
L’abolition des Corporations en 1789 occasionne une rupture dans la fabrication du mobilier.

Le bois massif en merisier, acajou ou en hêtre peint remplace la décoration de placage et de marqueterie devenue trop coûteuse.

La chaise gondole et le fauteuil gondole sont des nouveautés du style Directoire, avec une forme arrondie et enveloppante du dossier dont les montants latéraux et cintrés viennent rejoindre la ceinture du siège.
Le siège curule romaine et le klismos grec sont remis au goût du jour.

Principaux noms :
Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine sont de fameux ornemanistes de cette époque.
On retrouve la dynastie des Jacob : Georges Jacob fils et son frère François Honoré continuent l’œuvre de leur père, qui ne cesse de leur prodiguer des conseils.

Jean-Baptiste Claude Séné et Adam Weisweiler continuent de pratiquer l’excellence.
Coup de cœur Directoire :

fauteuil directoire

Fauteuil Empire : 1804 ~ 1825

Influence :
Continuation du Style précédent en plus ornemental.
Le style Empire prend son essor après le sacre de Napoléon Ier en 1804 et perdure après sa disparition.
Silhouette :
Les lignes sont droites avec une symétrie absolue sur de vastes proportions.
Plus voué à l’apparat qu’au confort, le fauteuil Empire n’est pas destiné à être mobile. Les silhouettes sont systématiquement plus lourdes et guindées.
Le bronze est très utilisé dans la décoration, jusqu’à la surcharge.
L’abeille, l’aigle, la couronne de lauriers, la tête de sphinx ou de sphinge ainsi que la lettre « N » sont les motifs de décoration les plus populaires.

Dossier :
Le dossier, droit, rectangulaire ou carré est surmonté quelquefois d’un fronton il peut aussi être enroulé. Le bois apparent est très souvent de l’acajou sinon du bois foncé.
On trouve aussi le dossier courbe du fauteuil en gondole.

L’assise : 
Les angles de l’assise sont droits. La garniture est en lame de couteau avec des angles vifs, obtenus avec un point arrière noué très serré sur le bourrelet et terminé par un point de chaînette.

Accotoirs :
Les accotoirs munis de manchettes sont soutenus par des consoles d’une grande variété. Dans la majorité des cas elles continuent le pied intérieur, sans marquer d’arrêt à la ceinture.
Les accotoirs sont décorés par une multitude de sphinx ailés, lions et chimères

Tissus :
On utilise les soieries lyonnaises, dopées par l’invention du métier Jacquard en 1800, et les velours gaufrés. Les coloris sont vifs comme le vert, jaune, rouge et violet en intégrant les tons des fresques romaines : vert-bronze, rouge-pourpre, rose, jaune doré et bleu nuit.

Pieds :
Les piétements sont à section carrée, cylindrique ou cannelée en faisceaux tournés.
Les Pieds arrière (ou même les quatre) sont en forme de sabre. Les pieds avant peuvent aussi être en forme de griffe ou de sabot en extrémité d’un pied en jarret. On peut trouver aussi des poires à double renflement.

Divers :
Le fauteuil gondole, créé sous le Directoire, est très vivement apprécié dans les intérieurs ainsi que la chaise curule.
Le tabouret est utilisé, comme sous Louis XIV, pour souligner les ordres de préséance. II est souvent en forme d’X entretoisés, recouvert d’étoffe.
La chaise à l’étrusque se compose d’un dossier en crosse et de pieds en sabre.
Le fauteuil d’officier a une console d’accotoir en creux pour permettre le passage de l’épée ou du sabre.
La méridienne de l’Empire est un lit à trois côtés et dont le chevet est plus haut que le pied, reliés par une pente régulière. La méridienne Récamière n’a que deux côtés : un chevet et un pied de même hauteur. La méridienne Dormeuse n’a pas de dossier au pied.
Les Paphos sont des sortes de canapés sur socle.

Principaux noms :
On retrouve Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine, représentatifs du goût martial de l’Empire.
C’est la grande époque de la dynastie d’ébénistes des Jacob, surtout François-Honoré-Georges Jacob-Desmalter qui lance le style Étrusque .
Il y a aussi Bernard Molitor, Pierre-Antoine Bellangé et Pierre-Benoît Marcion.

Coup de cœur Empire : un fauteuil de bureau (avec un pied au centre de la ceinture)

fauteuil empire

Fauteuil Restauration : 1815 - 1830

Influence :
Romantisme
Ce style a surtout été lancé par la duchesse de Berry, avec sa préférence pour les bois clairs.

Silhouette :
Les sièges sont moins volumineux, et leurs formes s’incurvent et s’arrondissent. La forme en gondole est toujours très présente.

Dossier :
Dossier rectangulaire. Très souvent cintré en gondole.

L’assise : 
Les ressorts sont apparus seulement vers 1825, on les nommait alors des « élastiques ».

Accotoirs :
Enroulement de l’accotoir en volute, bras « roulés », ou détachés en forme de dauphins ou de cygnes stylisés.

Tissus :
On utilise des soieries ou satins brochés et des tapisseries garnies de motifs antiques.

Pieds
Les pieds avant sont assez lourds, souvent avant en cuisse de grenouille.

Divers :
On décore les bois clairs avec des incrustations de bois sombres qui remplacent les bronzes de l’Empire. La marqueterie revient en force.

Le fauteuil Voltaire est inventé à cette époque. Il a un haut dossier rembourré avec une cambrure à la hauteur des reins qui le rend très confortable. Il faut donc noter que Voltaire lui-même n’a jamais pu utiliser un fauteuil « Voltaire ».

Principaux noms :
Charles Percier et Pierre-François-Léonard Fontaine sont toujours présents.
Le dernier de la dynastie Jacob, Georges-Alphonse Jacob-Desmalter, fils de François Honoré poursuit leur travail jusqu’en 1847.

Coup de cœur Restauration

fauteuil restauration

Fauteuil Louis Philippe ou « Tous-les-Louis » : 1830 - 1848

Influence :
On n’hésite pas à copier tous les styles précédents avec des simplifications rendues nécessaires par la mécanisation et la fabrication en grande série : moins de sculptures et plus de bois tournés.
C’est un style éphémère qui peut mélanger plusieurs styles sur un même meuble. Il vise surtout le confort et l’économie.

Silhouette :
Style simple, un peu lourd, sans trop d’ornementation ; les tissus de couleurs chatoyantes sont associés aux bois sombres.
Des sièges sont souvent munis de roulettes.

Dossier :
Dossier cintré.

L’assise : 
L’assise est confortable.

Accotoirs :
Accotoir en volute d’une seule pièce, très enroulés en crosse ou en col de cygne.

Pieds :
Les pied avant sont souvent en cuisse de grenouille ou simplement cambré en pied de biche ; les pieds arrière sont déversés.

Divers :
Le bois apparent est souvent de l’acajou.
La forme dominante est celle du fauteuil Voltaire.
Apparition du fauteuil Crapaud peu profond, trapu, épaté et très confortable :

Principaux noms :
Mercier Frères.

Coup de cœur Louis Philippe

fauteuil louis-philippe

Fauteuil Napoléon III : 1850 – 1870

Influence :
Victorien Anglais, Éclectisme.
Le style Napoléon III est celui des pastiches à tout-va : néo-baroque, néo-gothique, néo-renaissance, né-Rococo.

Silhouette :
Selon le style copié. Peu de bronze.

Dossier :
Selon le style copié.

L’assise :
Selon le style copié.

Accotoirs :
Selon le style copié.

Tissus :
Les étoffes ont tendance à recouvrir complètement le bois des sièges.
Les sièges capitonnés se généralisent, avec de lourdes passementeries (glands et franges) et des volants. On trouve beaucoup de rouge et de cramoisi.

Pieds :
Selon le style copié. Les pieds de certains sièges sont souvent munis de roulettes.

Divers :
Utilisation de bois sombres ou laqués noir, souvent incrustés de cuivre, de nacre ou d’écaille de tortue, à la manière de Boule et de tissus riches souvent en rouge et or.

Le Fauteuil Louis XVI-Impératrice, créé à cause de l’admiration de l’Impératrice Eugénie pour Marie-Antoinette, est un pastiche du style Louis XVI, surchargé d’ornements, avec un dossier très légèrement courbe.
Le fauteuil Rothschild est venu d’Angleterre.
Le Crapaud connaît une grande vogue, le fauteuil à lambrequin possède un dossier en forme de crosse débordante, le fauteuil Pompadour ou Mongolfière, possède des accotoirs recourbés et un dossier arrondi.
Le confident (ou conversation), à deux places, assemblage de deux fauteuils à dossier bas, reliés entre eux par une liaison en forme d’S. Si on rajoute une troisième place en hélice cela devient un indiscret.
La borne, de forme circulaire, au dossier central conique qui sert souvent de support a des plantes vertes (palmier, fougère, etc.). Meuble placé au centre d’une pièce, en général un salon. Il offre plusieurs places sur la circonférence du cercle.
La Boudeuse, siège double, où personnes assises se tournent le dos.

Création du pouf rond à capitons, utilisé comme repose-pied en prolongement du fauteuil ou bien comme siège d’appoint.
Seules véritables innovations de la période : le papier mâché (ou carton bouilli, selon les appellations), majoritairement fabriqué à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle), et quelques pièces en bambou ou en rotin, destinés aux tout nouveaux jardins d’hiver.
La mode du mobilier en bois noir ou noirci se développe à partir de 1840, il est parfois rehaussé de dorures, de nacre ou de laiton.

Principaux noms :
Les maisons de Alexandre Georges Fourdinois, dynastie des Beurdeley, Michel-Victor Cruchet, Henri-Léonard Wassmus.
[Henry Dasson](file:///home/raoul/Desktop/Tapissier/Tapissier%202/Henry%20Dasson), Charles-Guillaume Diehl , Guillaume et Jean-Michel Grohé.
La famille Jeanselme qui rachète la maison Jacob en 1847, la famille Krieger, Mercier frères, Auguste-Hippolyte Sauvrezy, Paul Sormani, Jean-Pierre Tahan, Joseph-Emmanuel Zwiener.

Coup de cœur Napoléon III : Paire de Chauffeuses

Paire de chauffeuses Napoléon III

Fauteuil Style Henri 2 du XIXe : 1840 ~ 1920 ou néo-Renaissance

Influence :
Éclectisme.
Inspiré par les formes du mobilier et du décor de la seconde moitié du XVIe siècle, le style Henri 2 ou style néo-Renaissance se développe en France à partir de 1840. Il connaît son apogée sous le Second Empire avant d’être décliné dans la fabrication de meubles industriels.

Silhouette :
Le mobilier et le décor reprennent les formes stéréotypées de la Renaissance française : décor architectural, mascarons, plateaux soutenus par des colonnes annelées, grotesques, feuilles d’acanthe, larges corniches débordantes, balustres tournées et sculptures figurées en bas-relief. Ce style intègre aussi les formes du style Louis XIII : colonnes torses, les motifs en pointe de diamant et les franges sur les meubles tapissés. La sculpture Henri II foisonne de personnages soldatesques, et d’animaux imaginaires.

Divers :
On propose généralement des ensembles coordonnés pour les chambres (lit, chevet et armoire) et les salles à manger : la table à rallonges, quatre ou six chaises tapissées de cuir repoussé ou de cannage, un buffet à deux corps vitré et une desserte.
Devenu un style convenu au fil du temps, le terme Henri 2 a pris une connotation souvent péjorative mais sa production va durer jusqu’à la veille de la seconde guerre mondiale.
La mécanisation rend ce style plus rectiligne et plus grossier que le style original.
Principaux noms :
Les Meubles Camus, à Clermont-Ferrand.

Coup de cœur Henri 2

Fauteuil Henri 2

Fauteuil Art Nouveau ou Modern-Style : 1875 ~1925

Influence :
Le mouvement Arts and Crafts, développé en Angleterre de 1880 à 1910 met en valeur les thèmes de la nature et ses ornementations florales.
On y trouve aussi des traces de Gothique, Rococo et Baroque. Ce style est au croisement de plusieurs mouvement artistiques de l’époque : Style Nouille, Naturalisme, Modernisme, Exotisme, Symbolisme .
Il rétablit aussi l’unité dans la conception des intérieurs.
Il se décline dans toute l’Europe : Tiffany, Jugendstil, Liberty, Modernismo…
L’artisanat est mis sur le devant de la scène

Silhouette :
Les sièges adoptent les formes sinueuses des lianes ou autres tiges végétales.
Les sièges, souvent ajourés et rembourrés présentent des lignes fluides et élancées.

Dossier :
Les dossiers sont hauts, avec des formes asymétriques.

Accotoirs :
Très sinueux.

Tissus :
La broderie, les teintures naturelles et les métiers à tisser traditionnels sont réhabilités.
La nature est la source d’inspiration ultime et les courbes et formes organiques sont à l’honneur.

Pieds :
Hector Guimard termine souvent les pieds en triangle spatule animale.

Divers
« Art Nouveau » est le nom d’un magasin ouvert à Paris, rue de Provence, en 1895 par Siegfreid (parfois prénommé Samuel) Bing.

Il rétablit aussi l’unité dans la conception des intérieurs.

Principaux noms :
Ce style est toujours resté très artisanal.
Une école parisienne autours de Bing et une école nancéienne autours de Émile Gallé et [Louis-Jean-Sylvestre Majorelle](file:///home/raoul/Desktop/Tapissier/Tapissier%202/Louis-Jean-Sylvestre%20Majorelle).
On peut noter les noms de Eugène Gaillard, Michael Thonet, industriel allemand, créateur d’un fauteuil en bois massif courbé dont la chaise numéro 14 ou « chaise bistrot »et a connu un grand succès avec 50 millions d’exemplaires vendues entre 1859 et 1914.
Josef Hoffmann a créé au début des années 1900 le fauteuil Kubus et des chaises de salle à manger « antique ».

Coup de cœur Art Nouveau : Salle à manger de l’hôtel Guimard (1910)

Fauteuils Art Nouveau

Coup de cœur de la Belle époque : Siège des voluptés

Fauteuil Belle Epoque

Fauteuil Art déco : 1920 ~ 1945

Influence :
Cubisme, Fauvisme.
Le terme Art Déco a été créé dans les années 60 en référence à l’Exposition Internationale des Arts Décoratifs et Industriels Modernes organisée à Paris en 1925.
Typiquement français, ce mouvement culmine dans la décoration du paquebot « Le Normandie ». Il tourne le dos aux excès du style Art Nouveau avec le souci de confort, de simplicité mais aussi de luxe dans les fauteuils.

Silhouette :
Formes très géométriques, lignes brisées et volumes simples. Avec des couleurs vives et contrastées sur des formes de chevron, éventail, zig-zag, section de lune, soleil rayonnant ou corbeille de fruits.
La sculpture disparaît des meubles pour être remplacée par les placages de bois précieux, l’incrustation et la marqueterie.

Divers :
Les sièges sont souvent d’inspiration Directoire ou Restauration.
Le bois est peu apparent et souvent dissimulé par un revêtement en cuir ou en textile.

Principaux noms :
Jacques-Émile Ruhlmann, surnommé le « Riesener de l’Art Déco ».
Jean Dunand, sculpteur, ébéniste et laqueur ; Eugène Printz, utilisateur du palmier.
Paul Iribe et son fauteuil Nautile ; Louis Süe qui dessine des fauteuils avec André Mare.
Maurice Dufrêne, cofondateur en 1902 de la Société des Artistes Décorateurs.
Pierre Chareau, avec l’exemple typique de son fauteuil Circa.
Jean-Michel Franck, avec son fauteuil club minimaliste.
Paul Follot, avec ses bergères Art Décos.
Paul Dupré-Lafon, avec son fauteuil « Éléphant ».
Jules Leleu, qui fait lui aussi un fauteuil Circa.

Coup de cœur Art Déco : copie du « Nautile » de Paul Bribe

Fauteuil Art Déco Nautile

Conclusion

Déjà au début du XXe siècle on note une individualisation de la production. Les artisans vont de plus en plus se considérer comme un artiste, ou un groupe d’artistes, qui essaient d’imposer leurs styles ou le style de leur école ou de leurs mouvement.

Par la suite on parlera de designers.

Afin de s’y retrouver dans la jungle de leurs productions aux XXe et XXIe siècles, nous vous proposons de consulter sur le site deux documents :

  1. Un « Inventaire amoureux de l’histoire des fauteuils aux XXe et XXIe »

  2. Un tableau « Designers du XXe et XXIe », indexable suivant :

    1. le nom du fauteuil
    2. la date de création
    3. le nom du designer
    4. le nom du mouvement auquel il se rattache